Extrait de l’article FastNcurious du 12/12/2016 – Rédacteur : Alice Jeanpierre
(…) Considérer la publicité comme un moyen de paiement accessible à chaque consommateur est inédit et redoutablement efficace. Certaines entreprises l’ont déjà bien compris. Vous êtes bloqué à l’aéroport et vous ne voulez pas dépenser 5 euros pour une demi-heure de connexion à la Wifi ? ViewPay vous laisse choisir la vidéo publicitaire de votre choix, vous la visionnez, et vous voilà connecté jusqu’au décollage de votre vol.
Les produits et services proposés sont essentiellement digitaux pour le moment mais comment ne pas envisager un futur où « l’advertpayment » soit généralisé à toute la consommation ? En effet, on pourrait imaginer que regarder volontairement des spots publicitaires vous fasse gagner des crédits utilisables dans n’importe quel commerce.
L’idée n’est pas si utopique, ViewPay travaille déjà avec des entreprises comme McDonald’s, Peugeot ou Auchan.
Visionner plus pour gagner plus.
C’est une véritable boîte de Pandore qui s’ouvre pour les annonceurs. Là où chaque entreprise dépense actuellement une fortune en stratégies digitales pour que le consommateur regarde sa publicité jusqu’au bout, la monétisation des spots publicitaires pourrait bien rendre ces efforts vains. Le public deviendrait alors demandeur de cette même publicité qu’il cherche aujourd’hui à éviter par tout les moyens.
Mais, cette nouvelle façon de consommer la publicité ne sous-estimerait-elle pas le consommateur ? Michel de Certeau dans L’invention du quotidien rappelle que l’individu a la capacité de transformer les pratiques quotidiennes en établissant des « tactiques » pour détourner les « stratégies des dispositifs ». En clair, qu’est-ce qui garantit que devant l’écran je ne détourne pas le regard ? Mais devons-nous envisager un monde à la façon de la série Black Mirror où chaque individu serait prisonnier de la publicité pour gagner sa vie ? Sommes-nous destinés à être victimes d’un syndrome de Stockholm publicitaire ?
Avant de nous récrier contre l’aspect moral de cette technique, posez- vous la question : diriez-vous non à un repas, un plein d’essence ou à un billet d’avion contre quelques minutes de votre attention ?